Personnel médical
1- Rappels - Le diabète de type 1 ou insulino-dépendant
Le diabète insulino-traité est une maladie chronique auto-immune qui peut subvenir à tout âge, surtout avant 30 ans. Elle se caractérise par l’absence de sécrétion d'insuline par le pancréas, les cellules β ayant été détruites par les anticorps du patient. Le traitement d’un diabète insulino-traité (DIT) consiste en des injections pluriquotidiennes d’insuline dont la dose doit être adaptée par le patient en fonction de ce qu’il mange, de son activité physique et des résultats de taux de glycémie mesuré plusieurs fois par jour au bout du doigt.
Lors d'une activité physique, l'organisme d’une personne non diabétique libère du glucose qui contribue aux 2/3 des besoins énergétiques et régule automatiquement sa sécrétion d’insuline en la baissant. Un individu DIT doit augmenter son apport en glucides alimentaires et réduire (sans jamais stopper) ses doses d’insuline. Ses connaissances sur la gestion de son traitement et son expérience lui permettent de trouver le juste milieu entre ces 2 mesures pour maintenir une glycémie dans les valeurs souhaitées. Dans le cas contraire (trop d’insuline, pas assez d’apport en glucose), l'individu DIT risque une hypoglycémie se manifestant par un malaise avec des signes assez similaires a l’ivresse des profondeurs. Ce malaise est réversible quelques minutes après l’absorption de sucre ou produit équivalent.
2- Pourquoi le diabète insulino-traité a des prérogatives restreintes en plongée?
Outre la consommation énergétique nécessaire à l’activité physique, tous les plongeurs font face aux 25% de déperditions caloriques pour permettre au corps de se réchauffer. L’ensemble de ces déperditions pourraient produire une hypoglycémie chez le plongeur diabétique insulinodépendant s’il ne suivait pas un protocole de plongée particulier.
Pour pouvoir éviter ce manque possible de glucose dans le sang, le plongeur DIT plongera en suivant un protocole spécialisé visant à ingérer des doses suffisantes de glucides limitant ainsi les risques d'hypoglycémie. Les recommandations initiales peuvent évoluer suivant le profil des diabétiques et leur expérience de la gestion du diabète et de la plongée.
3- Quelles sont les prérogatives restreintes suivant les différents protocoles?
3.1. Protocole de la FFESSM
Depuis 2003 la FFESSM autorise certaines personnes DIT à plonger (exempts de complications du diabète) dans le cadre de prérogatives restreintes. Au préalable le plongeur DID doit obtenir un double certificat médical auprès d’un diabétologue et d’un médecin fédéral ou hyperbare (certificats renouvelables annuellement, cf. 5, modèles disponibles sur le site de la Commission médicale de la FFESSM).
Le plongeur DIT s'engage à suivre et à respecter les règles et protocoles de mise à l'eau édictés dans la lettre jointe au certificat.
En structure, le plongeur DID est tenu d’informer de son diabète et de la conduite a tenir en cas de malaise (arrêt de la plongée et des efforts physiques, remontée en suivant les vitesses et les paliers préconisés, resucrage en surface) au Directeur de Plongée, au guide de palanquée ainsi qu'aux membres de la palanquée.
Diabétiques 1 et 2 insulino-traités (DIT) :
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Profondeur maximale : 40m
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en encadré, par un E2 minimum et un E1 en milieu artificiel jusqu'à 40m (soit PE40)
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en autonomie jusqu'à 20m (soit PA20)
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Durée maximale : dans la courbe de sécurité
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Pas plus d'1 diabétique par palanquée
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Interdiction de plonger si les conditions de plongée et de mise à l'eau majorent les risques d'hypoglycémie (houle, courant, température < 14°C sauf si port d'une combinaison étanche, mise en pratique du protocole de mise a l'eau et retour bateau difficiles).
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La prise de sucre sous l'eau (en dehors de l'hypoglycémie) est possible dès lors que le « Lâcher Reprise d'Embout » (LRE) est acquis.
Diabétique type 2 – traitement médicamenteux
Le diabétique type 2 peut pratiquer la plongée sous-marine sans restriction de ses prérogatives s'il est traité par la diète ou par les hypoglycémiants oraux ne comportant pas de risques d'hypoglycémie chez le patient traité (voir la fiche consacrée au DT2 pour la liste des médicaments autorisés).
Autorisations monitorat (CTN – janvier 2015):
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Pour un encadrant devenu diabétique possibilité de continuer son activité dans la zone des 20 m
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Accès à l'initiateur pour les plongeurs N2 et N3 diabétiques.
3.2. Protocole de DAN/PADI (recommandations 2005)
Plongées conseillées dans la courbe de sécurité
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Profondeur maximale : 30m
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Durée maximale : 60min
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Interdiction de plonger si les conditions de plongée et de mise a l'eau majorent le risque d'hypoglycémie
3.3. Protocole FSGT
En l’absence de commission médicale au sein de la FSGT, cette dernière suit les recommandations de la Commission Médicale de la fédération délégataire, la FFESSM (cf. 3.1).
3.4. ANMP
Se base sur le Code du Sport. Pas de restrictions pour les diabétiques.
4- Statistiques
- Sur les 10 dernières années : aucun accident attribuable au diabète depuis la mise en place du protocole FFESSM
- De 1989 a 1994 : Sur 550 décès, 7 concernaient des diabétiques et sur 2400 accidents de décompression, 8 mettaient en cause des diabétiques. Ces accidents n'étaient pas liés directement au diabète.
- La BSAC (Bristish SubAqua Club) a ouvert officiellement la plongée aux diabétiques depuis 1992 et n’a reporté depuis aucun accident directement imputable au diabète.
Ce nombre d’accidents rapporte au nombre de diabétiques dans la population générale et au taux moyen d’accidents de plongée et montre que le risque d’accident d’un plongeur DID n’apparaît pas augmenté par rapport aux autres plongeurs.
5- Je suis contacté par un diabétique qui souhaite plonger, que dois-je vérifier lors de l’examen médical ? Quels niveaux puis-je l’autoriser à passer ?
Dans le cadre de la FFESSM / FSGT : Le plongeur DIT doit être en possession d’un double certificat médical (un du diabétologue et un du médecin fédéral ou hyperbare de moins d’un an). Le diabétologue doit informer le plongeur DIT du lien entre nutrition, insuline et activité physique. Il doit rechercher l’absence de contre-indications, auquel cas il délivre un certificat médical autorisant le diabétique à plonger. Le plongeur DIT remettra le certificat du diabétologue au médecin fédéral ou hyperbare.
Le médecin fédéral ou hyperbare effectue l'examen médical habituellement requis pour tout plongeur (N2 et supérieur) et délivre un certificat médical sur le modèle habituel de la FFESSM.
Le plongeur DIT peut effectuer les plongée loisir dans le respect de ses prérogatives restreintes. Il peut passer les niveaux de plongées dans le respect des prérogatives soit profondeurs maximales encadrée 40m et autonome 20m.
Conditions de non contre-indication diabetologique à la plongee
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Diabétique insulinotraité âgé d’au moins 18 ans.
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Suivi diabétologique régulier (> 3 fois / an) depuis au moins un an par le même diabétologue.
Une éducation diabétologique, notamment concernant la gestion de l’insulinothérapie et
prévention de l’hypoglycémie en cas d’activité sportive a été dispensée.
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HbA1c ≤ 8,5%
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Auto-surveillance glycémique régulière ≥ 4 fois / jour.
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Aucune hypoglycémie sévère ni acidocétose dans l’année.
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Seuil de perception correct des hypoglycémies (>0,50g/l). Le patient doit savoir reconnaître une hypoglycémie et y réagir seul.
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Absence de retentissement macroangiopathique ou microangiopathie. En particulier pas de neuropathie périphérique patente.
Dans le cadre de l’ANMP/CEDIP : Certificat médical à jour établi par le médecin correspondant au niveau de diplôme du plongeur (se reporter au tableau de la fiche « Plongeurs devenus diabétiques »). Tous les niveaux de plongée prévus dans le manuel du moniteur peuvent être présentés.
Dans le cadre de PADI : Certificat médical de non contre-indication à jour établi par le diabétologue traitant et/ou un médecin hyperbare. Le plongeur DIT peux effectuer les plongées loisir dans le respect des prérogatives restreintes et sous autorisation du Directeur de Plongée: Scuba Diver - Open Water Diver - Advanced Open Water Diver
6- Les responsabilités
- Le Plongeur Diabétique : Responsabilité Civile (RC)
- Le Moniteur de Plongée / Guide de Palanquée : RC + Responsabilité Professionnelle (RP)
- Le Responsable du Club : RC + RP
- Les médecins : RC